Voici un compte rendu du Sommet de l’Océan (UNOC 3), qui s’est tenu à Nice du 9 au 13 juin 2025 :
🗓 Contexte et déroulé
- UNOC 3, troisème Conférence des Nations unies sur l’Océan, co-organisée par la France et le Costa Rica, s’est tenue au centre des congrès Nicea du 9 au 13 juin 2025 (ocean-climate.org).
- La première partie (3–6 juin) fut scientifique, avec le One Ocean Science Congress. La deuxième partie (9–13 juin) rassemblait dirigeants, ministres, scientifiques, entreprises et ONG.
Principaux enjeux abordés
- Protection de la haute mer
- Ratification du traité BBNJ (High Seas Treaty). À l’ouverture, 49 pays avaient ratifié ; 60 nécessaires pour entrer en vigueur. La ratification devait être complétée « dans les prochaines semaines »
- Une fois ce seuil atteint, le traité entrera en vigueur le 1er janvier 2026
- Zones marines protégées
- Objectif global « 30 % des océans protégés avant 2030 » promu par le secrétaire général de l’ONU António Guterres
- Actuellement, seulement 2.7 % sont effectivement protégés
- Plusieurs pays promettent des extensions, avec environ 10 % visé à moyen terme
- Moratoire sur l’exploitation des grands fonds marins
- Adoption d’un principe de gel de la pêche profonde et de l’exploitation minière sous-marine, soutenu fortement par Emmanuel Macron et Guterres
- Pollution plastique & surpêche
- Intenses négociations autour d’un traité international sur la pollution plastique et de mesures pour contrôler la surpêche et les subventions aux flottes industrielles
- Adaptation littorale
- Lancement à Nice de la Coalition Ocean Rise & Coastal Resilience : vise à renforcer la résilience des villes côtières face à l’élévation du niveau de la mer
- Financement
- Objectif : lever entre 100 et 175 milliards $ sur 5 ans pour restaurer et protéger les océans. À ce jour, seulement 10 milliards € ont été promis
- Un engagement notable : 8.7 milliards € de financement privé et public promis à Monaco, et création prévue d’un nouveau fonds UN pour 2028
Déclarations fortes
- Emmanuel Macron : a dénoncé l’exploitation du plancher océanique comme du « gold rush », appelé à un « moratoire international » sur l’exploitation minière des grands fonds et au renforcement du multilatéralisme (lemonde.fr).
- António Guterres : a exhorté les pays à « passer du pillage à la protection », et a souligné la nécessité de protéger 30 % des océans d’ici 2030 (theguardian.com).
Résultats concrets
Résultat | Détail |
---|---|
Déclaration de Nice | Texte non contraignant de 8 pages recommandant « action urgente » (adopté par consensus en fin de sommet) |
Action plan | Plan de 19 pages négocié, couvrant la conservation côtière, la surpêche, la protection de la biodiversité, le gel minier |
Ratifications | 49 pays ont ratifié le traité BBNJ ; d’autres engagements attendus pour atteindre 60 |
Financement | Engagements actuels : ~10 milliards $ ; objectif entre 100–175 milliards $ |
Enjeux et limites identifiés
- Le contenu de la Déclaration de Nice reste non contraignant, ce qui inquiète des ONG comme Greenpeace, dénonçant une « manque d’action concrète » .
- Seul 49 des 60 pays nécessaires ont ratifié l’accord BBNJ. L’entrée en vigueur attendue en janvier 2026 reste conditionnée aux 5 à 11 ratifications restantes.
- Le gap de financement est énorme : engagements actuels très en deçà des besoins estimés .
- Le climat géopolitique est tendu, notamment en raison de l’absence des États-Unis, dont certaines décisions (comme l’autorisation de l’exploitation minière) ont été vivement critiquées.
Le sommet de Nice a posé des bases importantes : traité pour la haute mer bien avancé, appel universel à protéger 30 % des océans, moratoire sur l’exploitation minière profonde et coalition pour la résilience littorale.
Cependant, les engagements actuels restent largement insuffisants dès lors que les mécanismes restent non contraignants et que le financement est encore loin des ambitions affichées. Reste à passer du discours aux actes, notamment via la ratification complète du traité, le déploiement de zones protégées et la mobilisation de fonds à la hauteur des besoins.
Ce sommet marque un tournant diplomatique, mais sa véritable réussite dépendra prochainement de la capacité des États et des acteurs économiques à concrétiser ces engagements dans les mois qui viennent.