Pêche de la truite au toc

La technique de pêche de la truite au toc est une méthode traditionnelle et particulièrement subtile qui repose sur la sensibilité du pêcheur à percevoir les mouvements les plus discrets du poisson. Le terme “toc” fait référence à la sensation tactile et au bruit que fait la ligne lorsqu’une truite mord à l’appât. Cette sensation est décrite comme un léger “toc” que le pêcheur ressent à travers la ligne, souvent tenue entre les doigts pour augmenter la sensibilité.

Les pêcheurs expérimentés affinent leur capacité à détecter ces petites touches, ce qui nécessite beaucoup de pratique et de patience. Le fait de tenir le fil à la main, comme vous l’avez mentionné, augmente la connexion directe avec la ligne et permet au pêcheur de ressentir plus distinctement ces vibrations légères, offrant ainsi une réactivité immédiate pour ferrer efficacement la truite.

Cette technique est exigeante car elle dépend fortement de la capacité du pêcheur à interpréter correctement les signaux souvent très subtils envoyés par la truite, ce qui demande une grande finesse et une bonne connaissance du comportement des poissons dans leur environnement naturel. C’est pourquoi, bien qu’elle soit une des plus anciennes méthodes de pêche à la truite, elle reste l’une des plus complexes à maîtriser.

La pêche à la truite au toc met en lumière l’importance de bien comprendre l’environnement pour exceller dans cette technique. En effet, le choix des spots de pêche au début de la saison, souvent marqué par l’ouverture de la pêche, est crucial pour réussir.

Le relief accidenté , avec ses torrents et rapides riches en oxygène, constitue un habitat idéal pour la truite fario (Salmo trutta fario). Ces conditions favorisent une eau fraîche et bien oxygénée, essentielle à la vie de ces poissons.

Les truites préfèrent les zones où le courant est interrompu par des obstacles naturels tels que des rochers ou des cailloux. Ces structures créent des “cassures de courant” où l’eau est moins turbulente, permettant aux truites de se reposer tout en restant à l’affût de la nourriture transportée par le courant. Ces spots sont stratégiques car ils offrent à la fois un abri contre les prédateurs et une position optimale pour capturer des proies.

Pour un pêcheur pratiquant la technique au toc, développer un “sens de l’eau” est effectivement un art qui se forge avec l’expérience. Observer comment l’eau interagit avec le paysage et comprendre où les truites sont susceptibles de se tenir sont des compétences qui s’acquièrent au fil du temps et qui sont essentielles pour anticiper les comportements des poissons.

Cette méthode repose sur une présentation de l’appât qui imite le plus fidèlement possible le comportement naturel des proies de la truite dans son habitat. L’idée est de profiter des courants pour que l’appât arrive de manière fluide et naturelle vers la truite, sans éveiller ses soupçons.

La truite, étant un prédateur opportuniste, se positionne dans des zones où elle peut économiser son énergie tout en maximisant ses chances de capturer des proies. Ces zones sont souvent derrière des obstacles comme des rochers ou des troncs, où le courant est moins fort et où les proies potentielles sont désorientées ou ralenties par les remous et les cassures de courant.

Pour réussir à tromper la vigilance de la truite, les pêcheurs au toc doivent donc :
Choisir le bon appât : Utiliser des appâts naturels comme des vers, des larves ou des petits insectes, qui sont des proies typiques pour les truites dans ces eaux.
Adapter leur technique : Lancer l’appât en amont et le laisser dériver naturellement avec le courant, en contrôlant la ligne pour maintenir une tension minimale. Cela permet à l’appât de suivre un parcours naturel, comme si il était libre dans l’eau.
Se positionner et agir discrètement : Les truites sont très méfiantes et sensibles aux vibrations et aux ombres. Il est crucial de ne pas se faire repérer et de gérer avec soin l’approche et la manipulation de la ligne.

En suivant ces principes, le pêcheur peut effectivement “déjouer la malice” de la truite, en lui présentant un appât irrésistible qui semble tout à fait naturel, augmentant ainsi ses chances de capture. C’est une danse délicate entre le savoir-faire du pêcheur et les instincts du poisson, chaque partie essayant de surprendre l’autre.

Le Matériel :

La canne à pêche :
Le choix de la canne pour la pêche au toc dépend largement des conditions spécifiques de la rivière ainsi que des préférences personnelles du pêcheur. Les cannes en carbone sont souvent privilégiées pour leur légèreté, leur sensibilité et leur capacité à transmettre les sensations, ce qui est crucial pour détecter les touches subtiles de la truite. Les cannes pouvant atteindre de grande tailles attention aux orages ou à proximité de lignes électriques en raison de leur conductivité.

Voici un aperçu des trois types de cannes que vous avez mentionnés, chacune avec ses particularités :

Canne téléréglable (entre 6 et 7 mètres) :
Ces cannes sont très populaires pour la pêche en rivière car elles permettent de s’adapter à différentes profondeurs et distances de lancer sans changer de place. Elles sont idéales pour atteindre des zones difficiles d’accès et pour maintenir un contrôle précis de l’appât dans des courants variés.
Leur longueur offre un avantage pour garder une ligne hors de l’eau autant que possible, réduisant ainsi les perturbations visuelles et les frottements qui pourraient effrayer les poissons.
Canne à fil intérieur :
Ces cannes ont l’avantage de protéger le fil à l’intérieur du blank de la canne, réduisant les risques d’emmêlement et les frictions avec les obstacles environnants.
Elles sont souvent utilisées pour leur discrétion accrue et leur capacité à offrir des lancers précis et contrôlés, ce qui est particulièrement utile dans des rivières encombrées ou lors de conditions venteuses.
Canne à anneaux (entre 3.5 et 4 mètres) :
Plus courtes que les cannes téléréglables, les cannes à anneaux sont plus maniables et mieux adaptées aux rivières de petite à moyenne taille.
Elles permettent une grande variété de techniques de lancer et sont appréciées pour leur polyvalence, pouvant être utilisées pour plusieurs types de pêche, pas seulement au toc.

Chaque type de canne offre des avantages spécifiques qui peuvent mieux convenir selon le type de rivière, les conditions de pêche et les préférences personnelles. Le choix dépendra donc de l’environnement et du type de rivière.

Le Moulinet :
Chaque type de moulinet pour la pêche a ses propres avantages et spécificités, adaptés à différents styles et situations de pêche.
Réservoir de fil : Ce type de moulinet, souvent utilisé dans la pêche au coup, permet de stocker une grande quantité de fil sans que celui-ci ne s’emmêle. Il est idéal pour des techniques où de longues longueurs de fil sont nécessaires, et il est apprécié pour sa simplicité d’utilisation. Cependant, il n’est pas communément utilisé pour la pêche au toc.
Moulinet classique à tambour fixe : C’est le type de moulinet le plus répandu pour la pêche au toc et à la truite en général. Il est polyvalent, fiable et facile à utiliser. Il permet un bon contrôle du fil lors du lancer et est efficace pour combattre le poisson. Sa conception permet également une bonne gestion de la tension du fil, ce qui est crucial pour sentir les touches délicates de la truite.
Moulinet capoté : Également connu sous le nom de moulinet à lancer sous cloche ou moulinet à lancer léger, ce type est particulièrement utile pour les débutants ou pour des situations où une protection supplémentaire du fil est nécessaire. Le capot empêche le fil de s’emmêler et facilite également le lancer en offrant une certaine résistance qui aide à contrôler la distance du lancer.

En choisissant un moulinet, il est important de considérer le type de pêche que vous pratiquerez, la taille et le type de la rivière, ainsi que votre propre niveau de confort et d’expérience. Pour la pêche au toc, un moulinet classique à tambour fixe est souvent le choix préféré en raison de sa polyvalence et de sa capacité à fournir une bonne sensibilité et contrôle lors de la manipulation du fil.

Le fils de pêche :
Le choix du fil pour la pêche au toc est en effet crucial, car il a un impact direct sur la discrétion de l’appât, la sensibilité à la touche, et la capacité à ferrer et à ramener le poisson.
Diamètre : Le diamètre du fil affecte à la fois la visibilité et la capacité de charge du fil. Un fil plus fin est moins visible pour les poissons, ce qui est crucial dans des eaux claires et peu profondes où la truite est particulièrement méfiante. Cependant, un fil plus fin est aussi plus susceptible de casser sous tension. Je vous recommande du fil de diamètre allant de 14 à 20 centièmes pour le moulinet et de 12 à 16 centièmes pour le bas de ligne semble un bon équilibre, offrant à la fois discrétion et résistance.
Résistance : La résistance du fil, souvent liée à son diamètre, est importante pour pouvoir combattre le poisson sans que le fil ne casse. Il est essentiel de choisir un fil qui peut supporter non seulement le poids du poisson, mais aussi les forces dynamiques comme les courants forts et les mouvements brusques du poisson.
Mémoire (vrillage) : Un fil avec moins de mémoire aura tendance à moins s’emmêler et à conserver une présentation plus naturelle de l’appât. Cela est particulièrement important dans la pêche au toc, où le contrôle et la sensibilité du fil sont cruciaux pour détecter les touches subtiles.
Couleur : La couleur du fil peut aider à le camoufler dans l’environnement aquatique ou à le rendre plus visible pour le pêcheur, selon les conditions. Par exemple, dans des eaux boueuses ou très agitées, un fil plus visible peut aider le pêcheur à suivre le mouvement de l’appât. Dans des eaux claires, un fil qui se fond dans l’environnement peut être préférable pour ne pas effrayer le poisson.

La tresse :
La tresse, bien que très résistante et ayant peu de mémoire, mais la souplesse de tresse peut présenter un handicap pour la pêche au toc. Lorsque différentes veines d’eau se croisent à des vitesses variées, une ligne très souple comme la tresse peut se comporter de manière imprévisible, se pliant ou flottant plutôt que de suivre le courant de manière uniforme. Cela peut rendre plus difficile pour le pêcheur de contrôler l’appât et de sentir les touches. Le manque de rigidité peut également affecter la présentation de l’appât. Une ligne avec un peu plus de rigidité peut aider à maintenir l’appât dans une trajectoire plus naturelle et cohérente, ce qui est crucial pour tromper les poissons méfiants comme la truite.

Beaucoup de pêcheurs préfèrent utiliser du monofilament ou du fluorocarbone pour la pêche au toc, surtout dans des rivières avec des courants complexes. Ces types de fil offrent un meilleur compromis entre sensibilité, contrôle et invisibilité sous l’eau, tout en ayant suffisamment de rigidité pour maintenir une bonne présentation de l’appât dans des conditions de courant variées.

Le guides fil :
L’utilisation de guides fil, comme le “Rigoletto” que vous mentionnez, ou simplement un bout de laine, est une astuce très pratique en pêche au toc, permettant d’améliorer la visibilité de la ligne et ainsi aider le pêcheur à mieux détecter les touches.

Les plombs :
La plombée s’effectuera au bord de la rivière de façon a déterminer la puissance et la profondeur des eaux.
Les plombs mous du type “Pêche à l’Anglaise” conviennent parfaitement.
Une boite contient 4 a 5 tailles différentes et suffiront pour bien adapter la plombée. Ils doivent se situer a 10 – 20 centimètres de l’hameçon.

Les hameçons :
Le choix de l’hameçon doit être adapté à la fois à l’appât utilisé et à la taille du poisson ciblée.
Assurez-vous que l’hameçon choisi s’adapte bien à la taille et au type de l’appât. Un hameçon trop grand pourrait alourdir ou déformer l’appât naturel, tandis qu’un hameçon trop petit pourrait ne pas être efficace pour ferrer correctement le poisson.
L’hameçon doit être adapté au type de poisson que vous espérez attraper. Pour des poissons plus grands ou plus combatifs, vous pourriez envisager un hameçon légèrement plus grand ou plus robuste pour assurer une bonne prise.

Lorsque cela n’est pas exigé par la réglementation, il est préférable d’utiliser des hameçons sans ardillon ou avec un ardillon aplati pour réduire les dommages infligés aux poissons. Cela aide à les relâcher en bonne condition physique.

L’hameçon de taille 9 en fer soit une excellente option standard pour de nombreuses situations de pêche au toc, il est toujours bon de considérer l’environnement spécifique de pêche, le type de poisson ciblé, et le type d’appât utilisé pour optimiser vos chances de succès et pratiquer une pêche durable et respectueuse.

Les appâts :

Pour le choix des appâts tenir compte des préférences alimentaires des truites locales, mais aussi des conditions de l’eau et de la saison.
Le ver de terre : Un classique incontournable, le ver de terre est très efficace pour attirer la truite, surtout après une pluie quand les vers naturels sont plus présents dans l’eau. Ils sont excellents pour la pêche en fond.
Les vers de terreau : Moins robustes que les vers de terre, les vers de terreau sont souvent plus petits et très efficaces dans des situations de pêche délicate où une approche plus subtile est nécessaire.
La teigne : La teigne, ou larve de papillon, est particulièrement attrayante en raison de sa taille et de sa mobilité sous l’eau. Elle est souvent utilisée en pêche à la mouche mais peut aussi être utilisée en pêche au toc.
Le porte bois (larve de capricorne) : Cet appât est très résistant et libère beaucoup de vibrations sous l’eau, ce qui peut être très attractif pour les truites, surtout dans les eaux troubles ou rapides.
La sauterelle : Parfait pour la pêche en surface ou juste sous la surface durant les mois d’été, lorsque les insectes terrestres sont fréquemment présents dans l’eau.
La patraque (ou Gammares) : Ces petites crevettes d’eau douce sont très nutritives et attirent les truites, surtout dans les eaux froides et claires.
Le ver de farine : Simple à utiliser et disponible, le ver de farine est un bon choix toute l’année. Il est particulièrement apprécié dans la pêche hivernale quand les autres appâts naturels sont moins disponibles.
Nymphe : Les nymphes, qui sont les formes larvaires de divers insectes, sont des appâts de choix pour la pêche à la mouche. Elles imitent les insectes qui se développent sous l’eau avant de devenir adultes, un stade auquel beaucoup de truites se nourrissent avidement.
Les pate à truite : La pâte à truite peut être efficace pour la pêche au toc dans certains cas, ou vaut la peine d’être testée si d’autres appâts ne sont pas disponibles ou pour une session de pêche improvisée.
Vers en plastique : Les vers en plastique sont dépourvus d’odeur et ne dégagent pas de parfum chimique ou de caoutchouc. Pour améliorer les résultats lors de la pêche à la truite, il est conseillé de pulvériser un arôme ou un attractif sur le leurre souple.

Les montages :

Action de pêche :

Précautions :
Votre approche souligne parfaitement l’importance de la discrétion et de la stratégie en pêche de la truite, surtout dans les petits cours d’eau.
Les truites sont effectivement dotées d’une excellente vision et peuvent détecter les mouvements sur la berge ainsi que les ombres projetées sur l’eau. Leur sensibilité les rend méfiantes et promptes à se cacher à la moindre alerte. En arrivant au bord de la rivière, il est donc essentiel de se déplacer doucement, de minimiser les mouvements brusques et d’éviter de projeter des ombres sur l’eau.

Pêche en remontant le courant :
En remontant le courant, vous vous placez derrière la truite qui, comme vous l’avez mentionné, se positionne face au courant pour intercepter les proies apportées par l’eau. Cela réduit les chances qu’elle vous voie approcher.
Le bruit de vos déplacements est également atténué par le bruit du courant quand vous approchez d’amont.
En pêchant en remontant le courant, vous pouvez faire dériver votre appât vers la truite de manière plus naturelle, imitant le mouvement des proies naturelles qui descendent le courant vers elle.

Mais aussi :
Pour augmenter vos chances de réussite, il est aussi conseillé de choisir des vêtements de couleurs neutres qui se fondent dans l’environnement pour éviter de se faire remarquer par les truites.
Quelques points important pour une pêche responsable, en particulier en ce qui concerne la manipulation des prises, surtout les jeunes truites ou truitelles.
Adopter une approche respectueuse et soigneuse est essentiel pour préserver les populations de truites et encourager une pêche durable.
Mouillez vos mains : Avant de toucher une truite, il est impératif de se mouiller les mains. Cela aide à préserver la couche de mucus protectrice qui couvre la peau du poisson. Cette couche est vitale car elle protège la truite des infections et des parasites.
Manipulation douce : Manipulez la truite le moins possible et aussi doucement que possible. Évitez de la serrer ou de la tenir hors de l’eau plus longtemps que nécessaire. Idéalement, tentez de la décrocher alors qu’elle est encore dans l’eau.
Utilisation de pinces à décrocher : Si l’hameçon est visible et facilement accessible, utilisez des pinces à décrocher pour le retirer avec précaution. Cela minimise le traumatisme pour le poisson et facilite le retrait rapide de l’hameçon.
Couper le fil en cas de besoin : Si l’hameçon est avalé profondément, il est souvent plus sûr de couper le fil au plus près possible de la bouche du poisson plutôt que de tenter de retirer l’hameçon. Les truites ont effectivement la capacité de se débarrasser elles-mêmes de l’hameçon avec le temps, et cela est moins dommageable que d’essayer de l’extraire de force.
Remise à l’eau rapide : Remettez la truite à l’eau aussi rapidement que possible. Assurez-vous qu’elle est bien réoxygénée et prête à nager de façon autonome. Cela peut nécessiter de la tenir dans l’eau, tête face au courant, pour permettre à l’eau de circuler à travers ses branchies jusqu’à ce qu’elle retrouve ses forces.